La Macron-Economie, enfant naturel de la Hollandie.
La plupart des propositions mise sur la table par l’ex-hôte de Bercy ont déjà été appliquées – ou au moins initiées sous le quinquennat Hollande. L’économie selon Emmanuel Macron, ou la continuation de la politique…par les mêmes moyens.
Emmanuel Macron est accusé de ne pas avoir de programme. Il est vrai que, pour l’heure, il a privilégié les postures christiques et les généralités bien-pensantes à la déclinaison de mesures concrètes, qui donneraient prise à la discussion, voire même – qui sait? – à la critique. Le candidat d’En Marche! s’est défendu avec véhémence de ne pas avoir de projet, en particulier en matière économique. «Je ne laissera personne dire qu’il n’y a pas de projet. Il y a un projet qui est décliné avec beaucoup de précision», a-t-il martelé, lors du JT de TF1, le 1er février dernier.
Voyons voir: s’il est loin d’avoir décliné un programme complet, Macron a bien présenté un certain nombre de mesures-phares, supposées incarnées le fameux renouvellement qu’il prétend incarner. Or c’est là que le bât blesse: si l’on regarde de près ces mesures, on constate que la plupart d’entre elles ont déjà été appliquées – ou pour le moins initiées – sous le quinquennat de François Hollande!
Exemple sur le temps de travail: Emmanuel Macron a déclaré ne pas vouloir sortir des 35 heures. «Il y a des secteurs où les 35 heures, ça marche! C’est bon à la fois pour les salariés et pour l’entreprise», a-t-il assuré. En revanche, il souhaite pouvoir les appliquer de manière différenciée en fonction des secteurs et des types d’entreprises. Avec la possibilité de renvoyer à l’accord de branche ou d’entreprise, pour donner davantage de souplesse. Cela ne vous rappelle rien? Oui, on reconnaît bien là l’esprit de la loi El-Khomri, mise en œuvre par le gouvernement de François Hollande, lorsque Macron était à Bercy. Cette évolution du temps de travail, rendu plus flexible, serait ainsi, a-t-il lui-même reconnu sur France Inter, «dans l’esprit de ce qui a été commencé dans la ‘loi Travail’».
Le fils prodigue de Hollande
Même chose concernant la baisse des charges. Le candidat Macron veut poursuivre et prolonger le Crédit d’impôt sur la compétitivité emploi (CICE), voué à devenir un allègement de charges durable, étendu à un plus grand nombre d’entreprises. Seul problème: selon toutes les études, le CICE n’a pas produit l’effet escompté en termes de créations d’emplois, surtout si on le met en regard des sommes dépensées. Ainsi, selon le Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP) de Sciences Po Paris, qui figure parmi les deux institutions chargées d’évaluer l’impact du CICE: «L’évaluation indique que [le CICE] n’a pas incité les entreprises les plus intensément ciblées à investir ou à embaucher plus que les [autres] entreprises.»
Enfin, Macron a affirmé vouloir «supprimer la totalité des charges au niveau du SMIC.» Là encore, rien de vraiment nouveau sous le soleil, puisque la mesure était déjà prévue… dans le Pacte de responsabilité, également mis en place sous le quinquennat de Hollande!
Les principales grandes mesures économiques défendues par Emmanuel Macron s’inscrivent, on le voit, dans le droit fil de la politique menée par l’actuel hôte de l’Elysée – à moins bien sûr, que le leader d’En Marche! n’ait gardé ses idées les plus «révolutionnaires» pour plus tard.
On ne peut guère s’étonner que Macron marche dans les pas de son mentor en économie: c’est le fils prodigue lui-même qui a inspiré une grande partie des propositions du candidat Hollande, et mis en œuvre l’autre partie, en tant que Secrétaire général adjoint de l’Elysée, puis de ministre de l’Economie. On est cependant contraint de rappeler que cette stratégie s’est soldée, in fine, par plus de 500 000 chômeurs supplémentaires sur le quinquennat. Mais nul doute que, touchée par la grâce d’Emmanuel Macron, la même approche permettra de transformer l’eau tiède du Hollandisme en vin pétillant du plein-emploi!
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