• Accueil
  • À propos
  • Bibliographie
  • contact
  • Accueil
  • À propos
  • Bibliographie
  • contact
Basculements | Le blog de Benjamin Masse-Stamberger
Home  /  Crise • Finance  /  Pourquoi les pétroles de schiste sont les nouveaux subprimes.
Crise Finance

Pourquoi les pétroles de schiste sont les nouveaux subprimes.

By Benjamin Masse-Stamberger 21 janvier 2016
petrole

Les risques sont forts d’explosion de la bulle liée aux prêts aux acteurs du pétrole de schiste aux Etats-Unis. Une situation qui rappelle celle qui a précédé la crise de 2008.

There will be blood ! Voici la phrase qui revient en boucle, en ce moment, sur les marchés financiers. Pourquoi ? D’abord, parce que les acteurs financiers vivent depuis le début de l’année un krach rampant, avec des baisses de plus de 10 % des principales places mondiales. Ensuite, parce que l’économie mondiale tangue : difficultés chinoises, Europe à peine convalescente, risque de problèmes graves sur certains pays émergents, qui souffrent de la chute des prix des matières premières et du pétrole. Enfin, certains aperçoivent déjà des risques concernant l’économie américaine. Bien sûr, ce n’est pas l’avis des « experts », qui rappellent qu’en 2015, le pays a créé 2,7 millions d’emplois (moins de 5 % de taux de chômage), et que la croissance progressé à un rythme de plus de 2 %. Mais les acteurs des marchés financiers savent depuis longtemps que s’ils veulent gagner de l’argent, ce n’est surtout pas les conseils des « experts », qui s’adressent à M. Tout-le-Monde, qu’il faut écouter.

Or, que voient-ils justement ? Que les Etats-Unis, après six ans de croissance ininterrompue, sont en fin de cycle. Ils voient, également, qu’une grande partie de cette croissance est due à la Fed, la banque centrale américaine,  qui, après la crise, a baissé ses taux d’intérêt, et déversé des centaines de milliards de dollars sur l’économie _ via le secteur financier _ pour éviter un effondrement. Or, où est allée cette manne ? Partout où il y avait du « rendement », comme on dit dans le secteur financier, c’est-à-dire des prêts plus ou moins risqués qui pouvaient rapporter gros.

Les compagnies vont mettre la clé sous la porte

Un secteur a été particulièrement apprécié des investisseurs, pour sa capacité justement à offrir de gros rendements : l’énergie. Ce secteur représente ainsi aujourd’hui 16 % des dettes à risque émises par les entreprises américaines, contre seulement 4 % il y a quelques années. Les financiers ont notamment massivement prêté aux compagnies développant le pétrole de schiste aux Etats-Unis. Au total, on estime ainsi que ce sont 5400 milliards de dollars qui ont été investis dans l’industrie des « shale oil ». Comme à la fin des années 1990 avec l’économie numérique, puis au milieu des années 2000 avec l’immobilier, ce « boom » a soutenu la croissance américaine, créant des dizaines de milliers d’emplois _ le Nord Dakota, où le pétrôle de schiste est particulièrement développé, est ainsi l’un de ceux où le taux de chômage est le plus faible _ et faisant baisser le coût de l’énergie pour les industriels américains.

D’où la thématique de la « réindustrialisation » américaine, qui a fleuri après la crise. Avec l’idée que, cette fois, la croissance reposait sur des fondamentaux solides. Mais, comme souvent, cette idée était en partie un leurre, qui a aussi servi aux acteurs du pétrôle de schiste _ et à beaucoup d’acteurs financiers _ de s’enrichir. Pourquoi ? Parce que toute cette belle histoire repose sur le fait que les acteurs du pétrôle de schiste puissent être rentables. Or, pour la plupart, leur plan de développement s’est fait avec un prix du Brent à 100 dollars. Beaucoup estiment qu’en-deçà de 80 dollars, voire de 50 dollars pour les plus optimistes, leur pérennité est menacée. Or, il est aujourd’hui aux alentours de seulement 30 dollars, semble-t-il durablement. C’est ce que les plus malins parmi les acteurs du secteur financier sont en train de comprendre. D’où, aussi, l’expression There will be blood, allusion au film de Paul Thomas Anderson, qui se déroule sur fond de ruée vers l’or noir. Car, à moins de 30 dollars, un grand nombre de compagnies spécialisées dans le pétrole de schiste vont forcément finir par mettre la clé sous la porte.

Vendez tout !

Mais ce que certains acteurs du marché ont compris, surtout, c’est que cette fin de cycle _ qui se traduit également, comme en 2008, par une hausse des taux de la Fed, _ avait une signification : il faut se débarrasser au plus vite de ces prêts devenus trop risqués. Et, surtout, ne pas être parmi les derniers à se retrouver « collé » avec ce papier devenu invendable. L’ambiance est si tendue que l’économiste crédit de la banque RBS a même fait le conseil suivant à ses clients : « Vendez tout », en ajoutant : « Dans une salle bondée, la porte de sortie est petite ». D’où la faillite du fonds spéculatif « Third Avenue », en décembre dernier : il détenait beaucoup de crédits risqués liés aux acteurs de l’énergie. Ses clients ont soudainement et massivement demandé à récupérer leurs avoirs, ce à quoi le fonds s’est trouvé dans l’incapacité de répondre. Un phénomène semblable à celui rencontré au début de la crise des subprimes, lorsque deux fonds de la banque Bear Stearns, exposés aux crédits immobiliers, avaient également dû fermer rapidement, dans l’incapacité de répondre aux demandes de retraits d’argent  massifs de ses clients.

Le phénomène rappelle en effet beaucoup l’éclatement de la bulle des subprimes : une fois que le mouvement de désengagement est enclenché, il est presque impossible de l’arrêter. Comme le disait le milliardaire Warren Buffet : « c’est lorsque la marée descend, que l’on voit ceux qui se baignent nus. » Or, le total des prêts accordés au secteur des pétroles de schiste représente 1600 milliards de dollars, contre 1300 milliards pour les subprimes avant l’éclatement de la bulle financière. Où sont passés ces crédits ? Une grande partie a été titrisé, c’est-à-dire transformé en produits financiers complexes, et disséminé un peu partout dans le secteur financier. Où sont-ils exactement aujourd’hui ? Bien malin celui qui peut répondre à cette question, alors que le shadow banking, la fameuse finance de l’ombre non régulée (fonds spéculatifs, fonds d’investissement), n’a cessé de se développer depuis 2008.

Autant dire que c’est un risque majeur qui plane sur la croissance mondiale, sans compter que pourrait s’y ajouter, si le pétrole demeurait à un niveau si bas, le défaut d’un grand pays émergent dépendant des hydrocarbures, comme le Venezuela, ou même à terme la Russie. Autant dire que les marchés financiers ont raison : il va bel et bien  y avoir du sang.

Benjamin Masse-Stamberger

(Article publié dans le Figarovox le 21/01/2016)

Tags: Crise Finance Pétrole
Share on
Previous Article
euroboursorama
Désintox #5 : « Non, la crise n’est pas finie, elle ne fait que (re)commencer »
Next Article
epa05126557 French and european taxi drivers clash with riot police as they attempt to disrupt rush hour traffic on the ring-road around Paris, during a demonstration against the app-based transportation network and taxi company Uber's service in Paris, France, 26 January 2016. The protest caused traffic disruption in Paris and its region. Despite a law making Uber service illegal, the US-based company continues to develop in French cities, provoking reactions of taxi drivers.  EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON (MaxPPP TagID: epalive993370.jpg) [Photo via MaxPPP]
Taxis : le laxisme du gouvernement produit le chaos.

About Author

Benjamin Masse-Stamberger

Related Posts

  • xerfi
    Crise, Europe, France, mondialisation

    Comment la mondialisation a paupérisé les classes moyennes

  • piredesmondes4
    Crise, Europe

    Bienvenu dans le pire des mondes : le premier livre du Comité Orwell

  • London
    Europe, Finance

    Brexit : Game of Thrones plutôt qu’Apocalypse now !

Leave a Reply

Annuler la réponse.

Benjamin Masse-Stamberger

Catégories

  • Chine
  • Chômage
  • Commerce
  • Crise
  • croissance
  • Désintox
  • Energie
  • Etats-Unis
  • Euro
  • Europe
  • Fillon
  • Finance
  • France
  • Hamon
  • Lecture
  • Macron
  • Marine Le Pen
  • médias
  • mondialisation
  • Non classé
  • présidentielle
  • Terrorisme
  • Travail
  • Trump
  • Ubérisation

Archives

  • mars 2018
  • octobre 2017
  • septembre 2017
  • juillet 2017
  • juin 2017
  • mars 2017
  • février 2017
  • janvier 2017
  • décembre 2016
  • novembre 2016
  • octobre 2016
  • juillet 2016
  • juin 2016
  • mai 2016
  • avril 2016
  • mars 2016
  • février 2016
  • janvier 2016
  • décembre 2015
  • novembre 2015
  • octobre 2015

Articles récents

  • Protectionnisme : et si Trump avait raison ?
  • Récit d’un altermarcheur
  • Emmanuel Macron : un projet néolibéral de plus en plus décomplexé
  • Ceta : une victoire de la technocratie
  • Fake news : la grande peur des élites européennes

Suivez-moi sur Facebook !

Suivez-moi sur LinkedIn !

Pour voir mon profil, cliquez ici !

Benjamain Masse-Stamberger

Commentaires récents

    U.S. President Donald Trump waves upon his arrival in West Palm Beach, Florida, U.S., March 2, 2018. REUTERS/Kevin Lamarque

    Protectionnisme : et si Trump avait raison ?

    macrontf1

    Emmanuel Macron : un projet néolibéral de plus en plus décomplexé

    gsfin

    Les hommes de Goldman Sachs omniprésents autour de Trump

    xerfi

    Interview sur le dogmatisme néolibéral de l’Europe.

    Étiquettes

    Agriculture Allemagne Banque Banques Banques françaises BCE Bulles Ceta Chine chômage Commission Européenne Crise Draghi Economie emploi Euro Europe Fillon Finance France Hamon Hollande Industrie Kerviel Krach Libéralisme Macron marché du travail Merkel mondialisation Orwell paradis fiscaux Programme Protectionnisme Présidentielle Pétrole Républicains Social Société Générale Taxis Technologies Trump Uber Uberisation Volkswagen

    Blogroll

    • Blog de Paul Jorion
    • Blog de Coralie Delaume
    © Copyright 2016. Conception & réalisation : J. Demarquet